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Au revoir tantine

Publié: novembre 28, 2022 dans Billet d'humeur

Ma tante Marielle est arrivée dans la famille par la grande porte : une petite fille choisie et adoptée. Mais pour moi, liens de sang ou pas, ça ne faisait aucune différence. Elle était ma tante, un point c’est tout.

Elle a toujours su prendre sa place, même si elle était la petite dernière de la famille. Rebelle, volontaire, indomptable, oh là, là, j’imagine qu’à son adolescence, elle a dû en faire baver un peu à son père et sa mère. Mais elle les aimait très fort à sa manière et elle les a toujours considérés comme ses vrais parents, même quand elle a renoué brièvement avec sa mère biologique. Il faut croire que l’amour, ce n’est pas une histoire de gènes, en tout cas, nous, on l’aimait beaucoup.

C’est ainsi qu’elle a épousé son Alfred, son amour de jeunesse. Ils ont eu trois garçons: Éric, Sylvain et Dany, qui font sa fierté. Elle aime son rôle de mère. Par contre, elle a dû attendre d’avoir des petits enfants pour les petites robes et les lulus et se rabattre sur les vêtements de garçon et les accessoires de hockey. Mais je me demande qui avait le plus de « testostérone » dans cette maison. Car ma tante en brassait de l’air!

L’hiver de mes 11 ans, je me rappelle l’avoir beaucoup vu rappliquer à Mont-Brun avec Alfred. Nous avions découvert le ballon-balai et Alfred et Éric (4 ans) prenaient beaucoup de plaisir à venir jouer avec vous. Nous attendions tous la fin de semaine avec impatience. Pendant que nous nous démenions à courir après un petit ballon dur sur la patinoire du village, Marielle en profitait pour aller jaser avec ma mère ou Adrienne. Elles pouvaient se faire des confidences en toute tranquillité, sans petites oreilles qui trainent dans les parages.

Elle n’était pas du genre à se plaindre de ses souffrances physiques, qui pourtant, ces derniers temps, faisaient partie de son quotidien, ou de tout ce qui la tracassait. Elle en parlait comme on donne de ses nouvelles, sans qu’on réalise à quel point ça l’affectait. Elle a pris soin d’Alfred tant qu’elle en a été capable. Pourtant, c’est elle qui avait le plus besoin d’aide, tant son corps ne lui donnait pas de répit. Néanmoins, elle s’est occupée d’un homme qui la reconnaissait de moins en moins, aux prises avec la terrible maladie d’Alzheimer. Une maladie qui provoque des changements d’humeur et des accès de colère et de violence même chez les êtres les plus doux, ainsi que des pertes de faculté de jugement. Qui laisse désorientés des malades qui demandent une surveillance constante. Tous les aidants naturels savent combien c’est difficile de s’occuper d’une personne qui ne peux plus que s’en remettre totalement qu’à vous pour tout. On en vient à en perdre le sommeil et sa propre santé. Imaginez quand déjà, la santé, on ne l’a pas à la base!

Pourtant, ma tante Marielle mordait dans la vie à belles dents. D’ailleurs, vous l’avez peut-être aperçu un jour, l’été dernier, arriver chez vous avec son nouveau compagnon sur un beau trois roues Harley-Davidson. Juste d’imaginer ma tante avec un casque de moto, je trouve ça formidable.

Elle m’a accueillie à bras ouvert dans sa maison, lorsque je suis allée rencontrer les gens de la mine Bourlamaque en 2010 pour un projet muséal. Elle était présente à tous les événements familiaux importants, pour les anniversaires de mon papa, pour le lancement de mon livre à Rouyn ce printemps 2022. Mais elle ne sera pas là pour le mariage de son fils en décembre prochain et cela doit l’empêcher de partir en paix. Son magasinage était fait, sa robe était achetée. Fêter l’amour et marier son petit dernier, quelle grande joie pour elle. Un peu de soleil pour mettre un baume sur son cœur.

Dany, je suis persuadée qu’elle sera tout de même avec vous, elle vous inondera d’amour, elle veillera sur vous tous pour toujours.

Je ne t’oublierai jamais ma tantine adorée. Tu nous laisses tous sous le choc de ton départ précipité. Repose en paix, tu l’as bien mérité.

Nostalgie de fin de saison

Publié: novembre 16, 2022 dans À moto
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Oh là, là! J’ai rarement vu un hiver commencer de façon si abrupte. D’autant plus que c’est même pas vraiment l’hiver encore. En principe, ça commence le 21 décembre, la journée la plus courte de l’année. Bref. Ça fait seulement une dizaine de jours que nos motos sont remisées et voilà qu’une bonne bordée de neige nous tombe dessus. Du genre qu’il faut sortir les grosses pelles et même la souffleuse. Si je n’avais pas encore fait le deuil de ma saison de moto, disons que je n’aurais pas le choix de mettre tout cela derrière moi, à présent.

Je me suis rendue jusqu’au bout des possibilités que représentaient les dernières journées chaudes me permettant de monter encore sur ma bécane. J’en ai profité pour voler quelques sorties inespérées à novembre, qui a commencé assez joliment avec de beaux 20°C au thermomètre. Et aujourd’hui, mon cœur commence son hivernage, ma passion pour la moto remisée jusqu’à l’an prochain.

Pour nous, motocyclistes, il n’y a que 2 saisons : celle ou on se balade et celle ou la neige nous en empêche. Cette année, j’ai parcouru 12,000 kilomètres en ayant l’impression de ne pas avoir assez roulé à mon goût. Quand l’automne arrive et qu’on se rend compte que c’est à la veille de se terminer, on souhaiterait pouvoir retenir le temps. Oh non, pas déjà fini!

Moment fort de ma saison : la participation à la Ride de filles pour amasser des fonds pour le cancer du sein. C’était formidable de rendre une sortie moto drôlement utile. Spectaculaire de se retrouver plongée dans une mer de motos. Le cancer du sein touchera une femme sur huit. On souhaiterait que la recherche puisse mettre un frein à tout cela.

Cet été, nous avons accueilli chez nous un motocycliste du Danemark qui a traversé le Canada, à la rencontre d’un pays et des gens qui l’habitent. J’ai trouvé cela inspirant et ça me donne le goût de voyager autrement. J’aimerais moi aussi rencontrer des motocyclistes partout sur mon chemin et échanger avec eux. Connaître les défis qu’ils doivent relever dans leur région. Comment voient-ils l’avenir?

Une de mes préoccupations : Comment prendre soin de l’environnement et participer à l’effort collectif quand notre hobby brûle de l’essence? Peut-être en utilisant les transports en commun toute la semaine pour aller travailler. On est rendu là.

Je vous souhaite un bon hiver. On se voit au salon du livre de Montréal ou de la moto? J’y présenterai mon Journal d’une apprentie motarde. Au plaisir de vous rencontrer!